vendredi 15 juin 2012

Once upon a time... Patricia Lee Smith # 1

   Lors de la sortie de Banga, le dernier opus de la marraine du mouvement punk, une certitude unanime s'est  confirmée: Patti Smith, artiste immuable par excellence, traverse les générations sans aucune ride. Assagie, la musicienne rend hommage à tous les artistes qu'elle a côtoyé durant son impressionnante carrière. Pour l'occasion, un retour en arrière s'impose...

BANGA


Née le 30 décembre 1946 à Chicago, Patricia Lee Smith grandit à Pitman, une petite ville située au nord-est des Etats-Unis. Tout au long de son adolescence, l'artiste se détachera peu à peu de l'éducation très religieuse que sa mère, Témoin de Jéhovah, lui a inculqué. Cette culture pieuse se retrouve dans bon nombre de ses chansons, comme lorsqu'elle murmure "Jesus died for somebody's sins but mine" dans la sublime Gloria, reprise des ThemLors d'une interview, Patti Smith confie qu'elle était "aussi une enfant du rock'n'roll! Je me souviens d'un jour où, à 6 ans, je marchais pour me rendre à mon cours de catéchisme. Tout à coup, j'ai entendu une musique et j'ai vu une bande d'ados assis sur le trottoir, dansant à côté d'un phonographe. Ils écoutaient "The Girl Can't Help It", de Little Richard. J'ai lâché la main de ma mère et j'ai couru vers eux. Maman hurlait : "Patti Lee, viens ici immédiatement !" J'étais avec ma petite robe plissée, captivée par cette musique! C'était tellement viscéral, primitif... J'aimais le rock'n'roll. Et je n'étais pas certaine que cette musique soit en accord avec Dieu... Ma mère m'a rassurée sur ce point. [Rires.] Elle me répétait : "Il n'y a rien de mal à transformer la vie en art.Très tôt, elle s'intéresse aussi bien à  la musique qu'à la littérature.

Issue d'une famille nombreuse & modeste, Patti Smith ne peut accéder à l'Université. Tout comme son père, elle décide de travailler à l'usine. A 19 ans, alors que la jeune américaine tombe enceinte, elle avorte & déménage à New-York en 1967. Sa passion pour la poésie, notamment pour Arthur Rimbaud qu'elle découvre en lisant une biographie de Modigliani, lui permet de travailler dans une petite librairie. C'est à cette période qu'elle rencontre le photographe Robert Mapplethorpe, dont elle sera l'amie jusqu'à sa mort en 1989. Tout au long de sa passionnante biographie Just Kids (2010), Patti Smith raconte la relation intense & ambiguë qu'elle a vécu avec son ami. Au retour de son voyage à Paris en 1969 en compagnie de sa soeur, Patti Smith & Robert Mapplethorpe s'installent ensemble au Chelsea Hotel. L'artiste raconte que "le Chelsea Hotel était un peu cher, mais c'était un havre de paix où l'on croisait Janis Joplin ou Jimi Hendrix ou Arthur C. Clarke. Depuis l'époque d'Oscar Wilde et de Mark Twain, tout le monde allait là. Bob Dylan y avait écrit Sad-Eyed Lady of the Lowlands." 


Alors que Patti Smith s'abandonne à la peinture, à l'écriture & à la comédie au sein du groupe de poètes St Mark's Poetry Project, elle commence à fréquenter les clubs tels que Max's Kansas City ou le célèbre CBGB. Au fil de ses rencontres (Allen Ginsberg, Albert Bouchard & Buck Dharma de Blue Öyster Cult...), Patti Smith se consacre de plus en plus à la musique. Expérimentale, ses premières chansons prennent la forme de poèmes qu'elle déclame, notamment à l'église St Mark de New York, accompagnée de Lenny Kaye à la guitare. En 1974, Patti Smith enregistre son premier single: Hey Joe/Piss Factory, une reprise de Jimi Hendrix, à qui la prêtresse du rock vouait un culte sans limite. Lou Reed, après l'avoir entendu chanter à New-York, raconte qu'il s'est "précipité chez Clive Davis, le patron du label Arista Records, en le suppliant de lui faire un contrat. Ce qu'il a fait!". En 1975, Patti Smith sort son premier album, Horses. La pochette, réalisée par Robert Mapplethorpe, immortalise la fraîcheur & la désinvolture de la chanteuse aux allures de Keith RichardsProduit par John Cale, le violoniste des Velvet Underground, cet album est un symbole: la consécration de la scène underground dont la chanteuse, se décrivant elle-même comme une "ballerine beatnik", est issue. La suite, vous la connaissez tous.

Horses


Aujourd'hui, alors que Patti Smith travaille sur l'adaptation de ses mémoires pour le cinéma & entame une nouvelle tournée, la sexagénaire est bien loin de la retraite. Toujours animée par la même fibre artistique, elle s'emporte pour défendre l'Art "depuis quelques années, je monte sur scène et je vois des gens en train de filmer la moitié du morceau que je chante... Et, pendant que j'interprète l'autre moitié, ils se mettent à regarder ce qu'ils ont filmé. (...) Il m'est arrivé d'interrompre une chanson et de dire: "Hey? Qu'est-ce que vous faites? Vous êtes tous réalisateurs de documentaires? Relax: rangez vos appareils photo, vos téléphones, et restez avec moi." Nous ne sommes pas au zoo et je ne suis pas un zèbre... Tout ce que je recherche dans l'art c'est la communion des esprits, ce que William Burroughs appelait le "channeling".  


Bien que la musicienne se produit souvent en France, aucune date n'est encore annoncée pour l'instant. 


Enjoy... & play it louder!!

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